The french dispatch. |
Septembre 2020, puis 2021, les films ressortent avec un an de retard sur leur production. Avec soulagement on peut découvrir en salle les « on-en-a entendu-parler » -ou pas, et quelques figures d’artistes, encore assez « maudits » de films qui le sont moins.
The French Dispatch
Novembre 2021, la surprise: à rebours de son esthétique animation 2D graphique et narrative, le dernier Wes Anderson se construit autour de trois séquences totalement hétérogènes et parodiques des genres de reportages d’une revue culturelle « française », (les fans auront reconnu The New Yorker, et sa charte illustrative).
Hommage à Angoulême, capitale de la BD, mais sujets parisiens : Un Mai 68 sur le mode mineur : au lit avec Timothée, serait-ce Marguerite, ou Simone ou encore Hannah?
La gastronomie (nippone) versus polar en noir et blanc. Noir le reporter, (privé de OO7-RIP), perdu dans les dédales d’un Quai des Orfèvres, s’embarque dans la poursuite du ravisseur du gamin du commissaire (un sujet plutôt US). À revoir, ça va trop vite. Bill serait mort, mais c’est pas vrai.. Passionnant pour les inconditionnels de Wes, dont je suis.
Le peintre est un malade mental, ici incarcéré pour meurtre sanglant, la faute à la peinture au couteau, qui a connu « La Ruche », dans sa version fumette 60.
La logique de défense du génie artistique passe par l’entremise du galeriste (juif) momentanément en tôle pour détournement de fonds et de la grande mécène qui à terme obtiendra le démontage du mur pour une fondation génialement présentée par Tilda S.
À considérer l’échelle du projet, on quitte la France des années 60 pour les modes américains de la promotion de l’art. Les amateurs peuvent citer des noms, les ciné-maniaques en trouveront d’autres…
The French Dispatch , Wes Anderson, 2020, avec (entre autres, évoqués ici) les habitués , Adrian, Bill, Bob, Edward, Frances, Owen, Jason, Tilda, Willem etc , les nouveaux, Benicio del Toro, Léa Seydoux, Jeffrey Wright, Timothée Chalamet, Christopher Waltz; en hommage aux locaux, un lot d’acteurs français, Amalric, Cecile de France, G.Galienne, Hippolyte G, et en seconds couteaux, rôles de flics Denis Ménochet et Damien Bonnard.
Bonnard, ici sans rapport avec la peinture, mais si, mais si:
Pierre Bonnard (1867/1947) fut un magnifique peintre de la lumière et de la couleur, à ma connaissance n’apparait dans aucune fiction. Damien, peintre, si.
Les Intranquilles.
Un film de Joachim Lafosse, 2019, sorti en 2021, avec Damien Bonnard, Leila Behkti Patrick Descamps et le petit Merz Chammah (grand-mère célèbre, toujours le réseau).
La peinture comme alibi et corollaire de la « bipolarité » : version contemporaine médicalement identifiée des troubles psychiques usuels, névrose, psychoses, hystérie dont furent gratifiés les artistes qui intéressent la fiction.
Dans un parcours « sinueux », DB, connu pour d’excellents seconds rôles fut élève des Beaux-Arts et continue à peindre. Les toiles sont de lui et d’un ami, Piet Raemdonck. Pas besoin de doublage, d’une seconde main, et donc les scènes d’atelier, un peu de profil, satisfont au contrat. Mais le sujet est ailleurs: l’amour salvateur.
Donc il fallait cette pratique créatrice pour étayer un scénario qui vise essentiellement une relation de couple, une épreuve à surmonter, en famille restreinte, la femme, (restauratrice de meubles) le fils, le père et off, le galeriste. Situer le huis-clos de l’atelier et du domaine en campagne, un contexte assez idyllique plutôt années 80; selon le style de la peinture -figurative évidemment.S’il est pensable de s’acharner sur une toile, mieux vaut être bipolaire artiste que dentiste.
Toute sortie en voiture ou en mer est une prise de risque, pour les siens aussi: un challenge de dépassement que l’acteur très investi commente dans les entretiens.
Le rôle du galeriste vaguement ami n’a rien de vraisemblable. On verra des grands formats emballés, et un seul point de vue d’acharnement répétitif sur une toile en cours et quelques fragments de croquis, déchirés..
Artistes de fiction: Théorie et principes, rappel.
L’artiste (plasticien-ne) de fiction, biopic compris, répond à un cahier des charges:
ici des images extraites du film consacré à Antonio Ligabue, infra.
3: Vit dans un réseau mondain au sens large, la ville, le monde, le milieu des artistes, du bistrot à la galerie.
4: Dépend d’un succès sur le marché, entre la communication (de préférence en échec) et le système économique dominant pour l’artiste en son temps.
Sur ces quatre bases du menu, on bricole, on combine de nouvelles recettes, plus ou moins digestes: on ajoutera les péripéties amoureuses, variables, les crises et le destin.
L’ancrage historique, le siècle, le décor et les costumes s’adaptent aux besoins du scénario.(voir Article précédent).
5 : Le film doit correspondre à une actualité « bancable » : la légende, la mode, les musées, les revues et les acteurs et actrices. Pour l’industrie du cinéma, on opte pour plusieurs genres au choix: la biographie, le roman historique, le polar et le film d’horreur. (Ceci est développé dans les 10 années du blog).
6. Des Acteurs, des noms. le choix des acteurs et surtout actrices, souvent recyclés dans des rôles types, avec quelquefois des « circonstances atténuantes » : certains ont été de vrais peintres comme Dennis Hopper, ce qui est aussi le cas des réalisateurs des films sur l’art, comme Derek Jarman, d’actualité pour une exposition des peintures..
3. NÉO BIOPICS.
Une vie, une oeuvre sur plusieurs années en fonction aussi de l’âge de l’acteur. Deux italiens et deux très bons films, dont un inédit totalement méconnu dans l’histoire de l’art.
« JE VOULAIS ME CACHER »
Un film de Giorgio Diriti, 2019.
avec Elio Germano. Mario Perrotta , et des inconnus. Biographie du peintre:
Antonio Ligabue, 1899-1965.
né en suisse alémanique, gravement abimé dès son enfance misérable. Balloté par la question politique des frontières au moment de la guerre 14-18, se retrouve placé en Italie.
Commencer petit.. |
Vincent en vignette. |
Fin tragique après une paralysie qui l’empêche de peindre.
Comment rejeter les acheteurs potentiels.. |
il avait vu des reproductions du Douanier Rousseau, sa peinture représente surtout des animaux sauvages, des auto-portraits. Van Gogh a encore frappé. Ligabue fut rattaché au courant des artistes des collections de l’Art Brut .
La dimension caractérielle du personnage au physique ingrat, n’est pas sans rapport avec celle de l’acteur qui incarne Michel-Ange, dans sa hargne, et la crise permanente, un film sorti à la même date:
Michel-Ange, (il peccato), Andrei Kontchalovski,
Avant goût des critiques « Obsessionnel, paranoïaque, visionnaire, « dantesque", je cite.
mais on ne joue pas dans la même catégorie...
à suivre.....
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire