vendredi 28 octobre 2016

FILMS sur ou contre L'ART, rentrée 2016

Chaque rentrée apporte son lot de biopics sur les arts, le pire, l' intéressant ou le meilleur.. .


Cézanne et moi


Moi GG, le film n’a trouvé grâce auprès d’aucun critique , même les gentils : 


Même barbu, Paul n'aurait pas aimé.

Festival de fausses barbes, que ce soit Cézanne ou Zola, sans une ride en trente ans, G.Canet straight,  brushing impeccable, G.Galienne outrancier, et ses amis Pissarro et les autres, évoluant dans un salon des antiquaires d’un second empire dépassé. 


De la « petite histoire », en soi la base du biopic standard, la peinture passe au second plan: priorité aux affaires d’amours, échange de l’amante, comme perspective la rupture à propos de l’Oeuvre en 86  Bien connue, cette seule anecdote n’engendre que dialogues creux.
Zola par Manet






Le peintre misérable (ce que ne fut pas vraiment Cézanne) ah, le nu dans la mansarde, les bistrots, la déprime, leitmotiv.

Jusqu’ici ce maître avait été épargné :  Cézanne, Le film très austère de Jean Marie Straub et Danielle Huillet en 1989 se basait sur les lettres de Cézanne à ses amis , sur fond de paysage. À revoir pour vérifier. On peut lire : Conversations avec Cézanne, ed Macula pour élever le niveau et aller au Musée d'Orsay.

Comme toujours on attend les scènes de peinture, en plein air et cachée derrière le chevalet: le chargé de copies a rarement été aussi mauvais, une nature morte horrible, par chance le portrait d’Ambroise Vollard ne reste qu’à l'état d’ébauche, et la vue de Parc au Château noir (?) n’a aucune facture. 
La difficulté à rendre les recherches sur La Sainte Victoire n’est évacuée que pour leur date tardive, mais la dernière image du générique de fin, un effet photoshop de transformation de paysage photographique en toile achève le spectateur déjà épuisé par les sauts temporels.

Un réalisateur s'attaquera-t-il à Bernard Buffet, dernier peintre maudit exhumé actuellement et commenté par Pierre Bergé ??

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LA DANSEUSE

Un film de Stéphanie di Giusto. avec Soko, Lili-Rose Depp, Gaspard Uliel. Mélanie Thierry.
Le plaisir de la découverte de la vie de Loïe Fuller, (1862-1928) une créature toujours entr'aperçue lors d’expositions sur les années 20. 


Les péripéties de son existence issue du fond des États Unis, vers le succès parisien rompt avec des idées reçues sur les sylphides de l’opéra. Bonnes séquences sur les recherches chorégraphiques, la gestuelle, et les techniques d’éclairages. Bons décors, belle photo.

Les deux amies, erreur..
Les histoires de coeur fictives s’évanouissent dans l’éther, les vraies sont gommées, cela a été largement commenté. 

L’apparition d’Isadora Duncan, (Lily, bon sang ne saurait mentir) l’amour déçu et sa disparition vers d’autres succès, pimente la biographie. On omet de signaler qu’ Isadora mourra étranglée par sa propre écharpe, vengeance du destin ? Les voiles sont dangereux. La soie est lourde.

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N’ayant pas pu voir le documentaire « Anna Halprin et Rodin », 
j’ai trouvé par hasard sur le câble un autre film sur la danse dans les années 10, mais fort ancien.

NIJINSKY, de Herbert Ross, 1980.

Diaghilev et Nijinsky



Ross fut danseur avant d’être chorégraphe à Broadway puis réalisateur. On se souvient de Sherlock Holmes attaque l’orient express, où Freud se charge de la désintoxication du détective.




Nijinski bénéficie d’un casting de luxe : Alan Bates dans le rôle de Diaghilev, 
d’un danseur étoile brillant, George de la Pena. 




Michel Fokine

 et de Jeremy Irons, (premier film)
dans celui du chorégraphe Michel Fokine qui créa les premiers pièces pour les Ballets Russes.

Dans un contexte historique sans faille, entre 1911 et 1913,  le film met en scène de longs extraits des ballets les plus célèbres, Le Spectre de la Rose, Petrouchka, L’après-midi d’un faune, déjà objet de scandale, et le désastre de la première création du Sacre du Printemps.

l'Après midi d'un faune
Les recherches, les reconstitutions sur fond des décors et costumes de Leon Bakst sont exemplaires.


Les histoires de coeur sont moins palpitantes: une homosexualité jamais déclarée ou accomplie  entre le danseur et le directeur, le mariage forcé, et pour finir, la folie qui ravage le danseur… Décidément la vie d’artiste est une tragédie…  

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POESIA SIN FIN:




Dernier opus de Jodorowski, consacré à son « autobiographie » pour la période de jeunesse, le film fait suite à La danza de la realidad, 2013.

Le funambulisme plasticien à la croisée des arts, mériterait une longue étude, attendons le DVD. Quelques notes:

Dans le Chili des années 40 , la famille, ou mieux la tribu du créateur continue de subvertir le genre autobiographique. 
Quand le père (Brontis, toujours aussi sinistre) devient faciste, la mère cantatrice cuisine de futures tartes à la crème et tricote devant les vieux juifs qui jouent de l’argent en fumant des cigares sortis d’une fausse Torah. L’actrice se dédouble dans le rôle de la fausse prostituée vierge, poète tatouée et maternante. 




Le jeune Jodo, en l’occurence le fils Adan se réalise comme clown, poète et « performer » avant la date.  Une personnalité, un charme et une beauté apollinienne, d’ailleurs il vole.






Du courant surréaliste qu’ a fréquenté Jodorowky l’ancien, qui apparait en surimpression, on peut citer le souvenir fantasmé de l’adieu d’André Breton et de sa muse, sous l’aspect de marionnettes. 








Jodo le jeune se projette ici dans une ambiance nettement «Fluxiste » par anticipation. Avec la destruction du piano ou le peintre qui se verse le pot de peinture sur la tête, on a gagné vingt ans.






Le couple poussiéreux des parents de l’ami poète, évoque les installations de Kienholz, quand certains personnages ont des aspects de monstres Felliniens,






L’ambiance mexicaine des défilés revient en force, grand carnaval des arts de la rue et  pour les décors, le théâtre  à vue, entre bricolage des  premiers burlesques

 et bricolage de « Soyez sympa, Rembobinez » de Gondry, on ne peut que sourire, (sans grincer avec  El Topo), en effet la satire politique est moins sanglante. 




À chaque séquence, on tente de « raccrocher les wagons » : l’effet surprise est constant.

Autant de polytopies et de polyphonies diraient certains, quand d’autres accusent le réalisateur de gâtisme sénile. Qui a 87 ans fait preuve d’autant d’énergie dévorante….