mercredi 27 mai 2020

DE L'ART des confinés au CINEMA

Birdman of Alcatraz, Frankenheimer, 1962

L’association de l’art et du confinement, réalité et fiction, a offert le temps d’une plongée dans des collections - sans les salles. Dépasser le sentiment de privation de liberté.

 Avant le confinement volontaire, il y eut des vrais prisonniers. Depuis The prisonnier of Shark Island, (Je n’ai pas tué Lincoln), John Ford, 1936, jusqu’à Shutter Island, une île est une prison. 


Prisons, lieux du criminel et du politique, et de quelques artistes, toujours portés par des acteurs prodigieux:








William Hurt.
Exemple: Le Baiser de la Femme Araignée, (Hector Babenco, 1985) avec William Hurt, ou la pratique de tapisser les murs d’icônes du cinéma. Les Pin-Up, Rêves d’un autre monde.
Si les innombrables prisonniers s’échappent, de préférence par les tunnels et les égouts, la nage, le vol et l’ascension ont de l’avenir, se jouer la fille de l’air.  Réinventer des pratiques de l’art mural.


Affaires anciennes

Contrevenance à l’ordre moral et religieux, affaires d’inquisition. Gréco, Goya. Cellini, sauvé par le prince, connut une expérience du vol, extravagante.
Dans la littérature, on a connu l’évasion du Casanova de Fellini, d’autres ne s’en sont pas sortis.
 Quills,  (la plume et le sang) un film de Philip Kaufman, 2000. Le marquis de Sade à Charenton.


Casting éblouissant: Geoffrey Rush, perruqué puis nu, transmet ses écrits par la lingère, Kate Winslet, convoitée par le prêtre (Joachim Phoenix), dans une prison dirigée par Michael Caine, vieux barbon sadique qui encage aussi sa très jeune épouse. 







Prison où se jouent des pièces de théâtre. Où certains sont déjà oiseaux, Les textes de Sade transitent par les draps, écriture au sang, puis apothéose, les excréments sur les murs.
Quills, la mort.



On passe sur les tortures..la langue coupée, les viols et la nécrophilie. 
Avant goût du tag. Une interdiction en salle aux moins de 16 ans, qui correspond aux interdits de publication, quoique sous le manteau… 





Anna Karina, La religieuse.






De la prison au couvent, la claustration n’est pas toujours volontaire,  La religieuse, Diderot revu par Jacques Rivette, (1966) ne manque pas de jeux sadiques et/ou érotiques. Scènes théâtrales en « costumes », les intérieurs de couvents ont alimenté nombre de films, internationaux et asiatiques. Je conseille Le couvent de la bête sacrée, Nonfumi Suzuki, 1974.


Les "Psychiatriques".

Schiele, Dessin de prison, 1914



Déviances sexuelles, et effets de la science médicale, 
De l’enfermement momentané, plus politique, Egon Schiele tira quelques dessins -non érotiques- d’intérieurs de prison; du psychiatrique temporaire, quelques peintres maudits, Van Gogh, Utrillo, et dans la claustration définitive, ce sont les femmes qui subissent le diagnostic d’hystérie.


Camille/Adjani. (1913)












Camille, 1915. Dumont.
Camille Claudel fut la première victime célèbre, dernière scène d’Isabelle Adjani, embarquée en fourgon. Photos d’époque pour les dernières années.``Le film de  Bruno Dumont, Camille Claudel 1915, met en scène Juliette Binoche dans l’asile peuplé de créatures effrayantes. 

Séraphine de Senlis, film de Martin Provost, 2008, Yolande Moreau, très « habitée »,  termine sa vie en asile.

Quand Camille et Séraphine perdent tout moyen de créer, 




Aloïse, vers 1930.


Aloïse,  film de Liliane de Kermadec, 1975, (avec Isabelle Huppert et Delphine Seyrig), Aloïse Corbaz, (1886-1964) classée schizophrène, 
trouva à l’asile, la possibilité d’évasion par le dessin et la peinture, avant d’être reconnue.
Dans l’art contemporain, Yayoi Kusama a choisi de vivre dans une maison médicale- de luxe- dont elle sort pour ses expositions.
Un peu de lumière de l'art Brut:

    Polars et  thrillers
Ressource pour les scénaristes, l’enfermement génère un imaginaire sans fin, adaptation de romans, une facilité pour les décorateurs, le huis clos économise les foules, les paysages et les effets spéciaux. Souvent de bons films, de grands réalisateurs et acteurs avec des succès financiers et d’estime. Le public aime le mal et la perversion. Comme disait Hitch, il faut que le méchant soit bon.  Que la victime le soit aussi. 

Les réalisateurs et scénaristes, informés de l’art contemporain, en exploitent les formes, du dessin au body art, du conceptuel au trash. (voir chapitres antérieurs du blog par périodes de l’histoire de l’art au cinéma)
L’obsédé ,  The Collector, William Wyler, 1964  Terence Stamp, collectionneur de papillons, séquestre la charmante peintre (Samantha Eggar) qui continue de travailler.





L’antre de la folie, In the Mouth of Madness, John Carpenter, 1994, dans une ville apocalyptique, le héros, Sam Neil, quelque peu halluciné traverse les affiches puis recouvre son corps et les murs de sa cellule capitonnée de graffitis. Contamination d’un art urbain.



L'écho de Munch...

Le syndrome de Stendhal, Dario Argento, 1996.  Après un
choc esthétique et une plongée onirique, Anna, policière, Asia Argento découvre l’expression par la peinture. Tout le film se nourrit des références aux arts de la Renaissance.  puis des grafs, dans des séquences de film d’horreur.
Elle s’exprime par le Cri (et des hurlements) non sans quelques visions, et un transfert sur le criminel. Une dose de psychanalyse propre au cinéma d’Argento, père et fille, s’accomplit dans le sang.
Le syndrome de Stendhal, A Argento live..
Le/la jeune femme enfermée par le chirurgien (Antonio Banderas) qui opéré sa transformation sexuelle,  La Piel que Habito,  Pedro Almodovar, 2011, réinvente le dessin écriture comptage des jours, répétitif - et conceptuel, (Opalka), avec comme citations des oeuvres de Louise Bourgeois.
Super mamie.




Bad Boy Bubby,  Rolf de Heer, 1995, (Grand prix de la Mostra de Venise, il faut le souligner)
Après trente années sans voir le jour, enfermé par sa mère dans une cave, où il s’occupe à momifier les petites bêtes, puis sa vieille, réussit une sortie et devient vedette de musique rock. Film culte  !.


Les faits divers tragiques ne manquent dans ce genre, surtout des pères incestueux.


"Je cause à mon chat".




Ne pas oublier les confinés "malades", Trouble every day, Claire Denis, 2001,  le vampirisme comme allégorie du sida,  avec Béatrice Dalle, sublime bande son.
Le must du Dripping.

The Hours, épisode 3.

Richard, poète sidéen confiné de The Hours, Stephen Daldry, 2003, (Ed Harris) se défenestre, ou comment en finir.

Classique dans le cinéma asiatique, le motif carcéral, (La Femme des sables, Hiroshi Teshigahara, 1964)  revient sans alibi artistique dans quelques films « d’horreur ».
La femme des sables.  Sans Issue.

Old Boy, Park Chan-wook, 2004, (Palme à Cannes) Min-sik choi (connu pour Ivre de Femmes et de peinture) un tout autre genre: Quinze années d’enfermement pour une raison inconnue se libère dans les massacres.
Dans Parasite, Bon Joon-ho, 2019.  (Prix à Cannes). Allégorie d’une société contemporaine clivée, où l’enfermement est volontaire, ne crée que surprises et de la délectation comique dans l’horreur des dernières scènes.

          AUTRES GENRES  
Parasite exploite les abris anti-atomiques construits au Japon après Hiroshima, ainsi que les abris que les américains multiplient dans l’éventualité d’une guerre atomique. symptôme d’une angoisse plus contemporaine, le motif réapparait, le port du masque aussi.
Take shelter,  Jeff Nichols, 2012. Michael Shannon, en proie à des visions, s’enferme avec sa  femme (Jessica Chastain) et sa fille dans l’abri qu’il à aménagé. Masques à gaz et oxygène.  Un grand film anxiogène.



4h44, Dernier jour sur terre, Abel Ferrara, 2011. Huis clos dans le loft de la jeune peintre et de son compagnon (Shanyn Leigh et Willem Dafoe) le compte à rebours, en temps presque réel, se mesure au temps de la réalisation de la toile.




  
   Hommage à Michel  PICCOLI.  Déconfiné définitivement le 12 mai 2020.

 

Déjà Confiné/ déconfiné dans son rôle de futur pape,  Habemus Papam, Nanni Moretti, 2011. Les échappées furent salutaires..






Dillinger est mort, Marco Ferreri, 1969, commence par une séquence d’usine où le danger chimique impose le port du masque. Un huis clos dans son appartement nous laisse à penser qu’il est designer, des projets au mur. Pour occuper sa nuit, se projette des films de vacances et cuisine. 
Impression de déjà vécu par tous pendant ces dernières semaines).Un pistolet rouge à pois très « pop », lui sert à tuer sa femme.  S’échappe à la nage, et embarque pour Tahiti…





Themroc,  Claude Faraldo, 1973.  avec la bande du Café de la gare, 
Enfermé volontaire dans sa caverne, cerné par la police, une régression anarchisante, abolit toute convention sociale. destruction des murs et du matériel, inceste, cannibalisme.  Le fête se termine par le barbecue (le supposé corps du gendarme) avec tous les voisins.



Des repas collectifs qui nous ont manqués.. On rêverait de partir à la voile… Dillinger, dernière image.

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