OPIUM: Un film de Arielle Dombasle, 2013, et avec Arielle Dombasle..
L’autrice en meneuse de jeu dans la figure de Mnemosyne, déesse de la mémoire auto-couronnée entourée de sa cour: une constellation qui célèbre un aréopage historique.
Le milieu de l’art parisien entre 1918 et 23, (et quelques échappées) gravite autour de Jean Cocteau et de ses amours avec Raymond Radiguet, (1903-23) météore arrivé dans le monde, le grand, le demi et le petit des années folles.
Autant de « monstres », un peu hybrides et objets de monstration, dans le cirque et le théâtre.
On a oublié l’époque des « monstres sacrés », d'entre deux guerres. Elle revient....
La fée Mémoire ordonne un casting de rêve, ses bons amis, ils sont tous là, de la marquise de Noailles qui voisine avec Maurice Sachs (né en 1906, un peu jeune quand même), Coco Chanel, les Ballets Russes, André Breton, Tristan Tzara, Man Ray…
Tous au balcon pour applaudir les saltimbanques et médire cyniquement sur tout le monde.
Tous dans les cafés, ici Le boeuf sur le toit, chantent et dansent.. Beaux décors. Souvent de montage, les acteurs ont joué sur plateau vert.
La réalisatrice, dans un long entretien, expose ses recherches sur la vie du « génie qui illumina son intellect », et exploite un maximum de documents historiques avec une certaine efficacité.
La main ( gauche) du dessinateur, Élie Top, fort habile retrace les dessins d’origine.
En 1930 dans Opium , un récit autobiographique, Jean Cocteau (1889-1963), en cure de désintoxication racontait cette courte période. Radiguet meurt bêtement d’une intoxication à 20 ans, après la parution de Bal du Comte d’Orgel.
Baiser mortel !!! |
Voir le dessin infra. |
Le film se construit par courtes séquences, les acteurs récitent des fragments extraits de textes et poèmes de Cocteau, chantés au besoin, et dont l’intelligibilité est très relative; les dialogues se résument à des échanges d’aphorismes et de bons mots.
Radiguet , plus bistrots prolétaires.. |
Cocteau est définitivement le pluriel de cocktail.
De la couleur au noir et blanc des inserts du ciné d’époque. Musidora n’est pas loin.
Les effets spéciaux d’animation (à l’ancienne) retrouvent un peu d’esprit Dada. Et quelques effets annoncent Orphée. Raymond Radiguet devient pour toujours l’Ange Heurtebise.
Et les musées ont prêté des fonds de scène. On peut pinailler sur l’exactitude de détails: Le rideau de Parade (1917) ( réalisé par Picasso absent du casting, encore une affaire de droits ? ) et les deux personnages en carton sont identifiés comme le scandale des Mariés de la Tour Eiffel , bon ..
Scandale des "Mariés de la Tour Eiffel"?? |
L'image du modèle |
Nijinski est là avec Diaghilev, dans la théâtralité d’avant-garde (l’enterrement de Radiguet se met en scène deux fois) qui coexiste avec le goût du cirque que Cocteau tenait de son enfance.
Ainsi, Philippe Katerine incarne le costaud souleveur de poids ( et de sa compagne ) ainsi que Nijinski, (d’une autre morphologie..) imitant la gestuelle du Spectre de La Rose,
puis magiquement propulsé au sommet du Panthéon de Rome.
Tous se retrouvent au firmament dans une constellation du Cercle Arctique , un autre cirque.
Le corps astral du couple Mnémosyne et Cocteau bénéficie de l’aura des effets de la photo de Man Ray . Un rayonnisme très solidifié en fils de fer.. Avant Calder.
Si on supporte la grande égérie, on peut se laisser aller au charme des animations un peu Averty, d'intermèdes musicaux sympas, pour apprécier cet OVNI, bon pour un soir de Noël un peu alcoolisé devant la télé. Le film fut soutenu Pierre Bergé et sa donation des archives Cocteau à la Bibliothèque de la Ville de Paris.
(je n’ai pas vu à sa sortie, j’étais au Tibet, merci le DVD trouvé par hasard à Nantes)
Pour le casting, le plus simple, est le générique pour identifier les noms et les acteurs qui font leur boulot avec l’exhibitionnisme nécéssaire.
Note: On vient d'apprendre le décès de Gilbert Lascault, historien et anthropologue auteur de l'indispensable Le monstre dans l'art Occidental...
SUR COCTEAU le dessinateur.
Les cinéphiles pourront se précipiter sur les cassettes des films, extraordinairement créatifs,
Le sang d’un poète, La Belle et la Bête, Orphée, ou Le testament d’Orphée…
Une autre piste documentaire « animée »:
Une réalisation de Jean-Paul Fargier, pour la 5, en 2003, nous donne les références de quelques images exploitées dans Opium. Comme bande off, les textes de Cocteau, et de nombreux entretiens enregistrés dans les dernières années.
Les sales gosses |
Doué pour le dessin dès son enfance, dans un milieu très bourgeois, où il a côtoyé Proust, mais par un éclectisme fabuleux, aussi bien Mistinguett que Stravinski, et le Groupe des Six.
Portrait de Cocteau par Picasso |
Mistinguett |
Picasso et Stravinski |
Stravinski chez Coco Chanel. Un film de jan Kounen traite de cette période. Le scandale de la première du Sacre du Printemps ouvre le film. |
Nijinski |
Les Ballets Russes |
Parade, le premier décor. |
Cocteau a aussi collaboré avec Marcel Duchamp..
Anémic Cinéma, 1923 |
Sa liaison avec Radiguet est documentée par des croquis et le journal autobiographique lors de sa cure de désintoxication.
Raymond |
Opium, 1930.
Le buste de Raymond. |
Les années cinquante sont marquées par un moment un peu mystique qui l'amène à réaliser des fresques pour des églises. Créer pour Dieu.
Détail d'une crucifixion. |
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