mercredi 18 octobre 2017

GAUGUIN en cache toujours un autre.




Gauguin , Le voyage à Tahiti

Film de  Edouard Deluc, 2017. Vincent Cassel, Malik Zidi…


 Sorti en avant garde de l’ouverture de l’exposition au Grand Palais, le film
commence à Paris, errance sombre, visite de la famille dans son taudis, et diner d’adieu du café Voltaire en présence de Mallarmé.
suit une séquence «national géographique » que les agences de voyage n’ont pas loupé dans les marges cinéma du web, 


un peu d’anthropologie de terrain, un quota standard de scènes d’atelier pour l’insert de quelques oeuvres connues.





Prétendre à la fidélité au texte Noa Noa, écrit par Gauguin entre ses deux séjours, repris ensuite, et finalement (mal) publié en 1919, quand il en reste en tout peut être trois paragraphes, la course dans la montagne sur le cheval, l’acquisition de la jeune fille, « tu es bon? » de la mère, et la partie de pêche au thon. Et plus intéressant l’apprentissage des cosmologies et croyances et de la langue que Tahura lui transmet.


La suite invente à partir de l’hypothétique liaison de la vahiné avec le beau voisin, un trafic de fausses sculptures. Rien de ceci dans les mémoires, de fait Gauguin écrit qu’il lui a appris la technique. Sur les sites du web sur l’art océanien, ça se vend comme des petits pains… (financement pub?)

Le personnage de Maurin, ici un médecin compatissant et néanmoins buveur, antinomique des constats de Gauguin dans ses textes sur les effets du colonialisme chrétien et marchand ( le commerçant chinois).









 Dernier portrait de Tahura, robe à rayures (elle en voulait une blanche) et rétro-vision des iles… et affiche de l’expo.

Gauguin, le vrai..
















C’est oublier l’importance des écrits critiques sur l’art, les pamphlets assez philosophiques des dernières années, les lettres et le journal, d’un style descriptif très enlevé. 
On doit à Gauguin le récit de l’épisode de l’oreille coupée de Van Gogh à Arles, que les films consacrés à Van Gogh n’éludent jamais.

De quelques portraits et poncifs.



Les Gauguin du grand écran: des noms plus célèbres que leur ressemblance:Ce film, comme les biopics précédents, évite les séjours de Gauguin en Bretagne, 
une exception, la série introuvable de FR3: Maurice Barrier, régional de l'étape.


Au mieux, leur évocation se synthétise dans le gilet bigouden.


Au café Voltaire.

Anthony Arles chez Kirk. Qui a jamais étalé les toiles de cette façon??? 

David Carradine, series US
Dans le film de Minnelli, Lust for live, Anthony Quinn; 
dans Oviri,  Donald Sutherland. 










Toujours la moustache.


W Yordanoff face à Van Gogh..



Dans Vincent et Théo, de Robert Altman, Gauguin (Vladimir Yordanoff en pull marin) (et Jean Pierre Cassel en Docteur Gachet). On se souvient que Malik Zidi incarna Manet. Familles d'acteurs artistes.






Scènes d’atelier

La séquence de création de « Manau Tupapau »: "Elle pense au revenant",

Oeuvre Commentée par Gauguin dans une lettre à Mette, décembre 1892, 
apparait, selon des raisons variées dans tous les films. Plus difficile à copier,   
« D’ou venons nous, que sommes nous, où allons nous », le grand format , décrit par Gauguin dans une lettre à Monfreid,février 1898 vaut pour testament d’un foi que certains ont qualifié de mystique. 


La case, fin du film "Paradise found".
"Gauguin, Paradise found."  

Un film de  Mario Andreacchio, 2003. Kiefer Sutherland, Natassia Kinski..



Un paradis  re-trouvé ?   Le cinéaste australien, aurait -il  lu Milton, en tous cas il a lu et interprété tous les écrits de Gauguin, de sorte que son film offre au spectateur une évocation historique très précise  soutenue par un grand soin de mise en scène des décors, copies de peintures des intérieurs et des galeries. Depuis l’argent facile du métier de courtier en bourse, la rupture avec sa femme, très érotique Natassia Kinski, le rôle de Pissarro dans la vocation artistique avant le départ en océanie, le réalisateur a opté pour une conception de l’intégrale, comme Minnelli pour Van Gogh.

Mette, Gauguin et Huysmans, exposition des Impressionnistes, 82




Le film, est hélas construit sur une alternance systématique assez épuisante de 23 séquences entre scènes parisiennes, et épisodes du séjour à Tahiti .




Dans les séquences exotiques, l’attention aux scènes de peinture, assez efficaces dans le souci narratif, quoique Tahura ne se ressemble pas vraiment, pas plus que Kiefer Sutherland, « très jeune », chevelure sauvage, dreadlocks, ne se grime avec faux nez. 

Manau Tupapau : la terreur de Tahura. 

Le réalisateur réinvente des personnages pour rendre compte du contenu politique sous-jacent aux écrits de Gauguin dans ses textes critiques contre l’église, l’armée, le colonialisme, et aussi le mariage. 
Un film d’aventure s’insère dans le biopic, avec quelques anachronismes: 
Gauguin « anarchiste »  balançait toutes les actions dans la corbeille de la bourse (en fait, il y eut un krach boursier), « braque » le marchand dès son arrivée, puis s’oppose aux édiles locaux.




Maurrin s'incarne ici en un pasteur halluciné et raciste, qui tente d’éradiquer les croyances ancestrales, aidé des militaires. Ainsi on brûle les idoles. 


les deux ennemis.

En réponse, Gauguin met le feu au crucifix de l’église, ce qui lui vaut la prison. (or la condamnation pour diffamation date de la dernière année de sa vie). Sauvé par  Charles Arnaud, le marchand (assez truand), et quelques excès d’absinthe.
















Une échappée en jungle conduit par Titi, (sous-bois au cheval blanc) où Gauguin armé de son carnet assiste à la destruction à la mitrailleuse de la statue monumentale d’une divinité (assez hideuse); agrandissement de petites sculptures.






Le film tourné en 2003 fait de toute évidence allusion à la destruction des bouddhas de Bamyan (2001).  

Tahiti 92.
Pissarro à l'exposition chez  Durand-Ruel 1894.

Les deux dernières séquences, d’abord l’exposition chez Durand Ruel, les critiques horrifiées, l’incompréhension de Pissarro provoque le départ pour le second séjour.

Fin du premier séjour.
Puis  après la réalisation de la peinture  « D’où venons nous ..  , le film se clôt sur l’artiste seul devant sa case. 
Point de pathos, l’acteur ne souffre pas vraiment, l’oeuvre n’est pas détruite. 

Dans la séquence 19, Gauguin rembarquait vers la France, ses rouleaux sous le bras, on pourrait alors changer de film: 


« Oviri, le loup dans le soleil»  (ou derrière la porte ? selon les titres)
Film de Henning Carlsen, 1985. Danemark.



Atelier parisen !

C’est (papa) Donald Sutherland qui s’y colle, avec élégance, et toujours avec son gilet bigouden,  et déballe son chargement.



Une parenthèse de deux années à Paris; dans son atelier, fréquenté par des gens célèbres, dont Strindberg (Max von Sydow).


L’artiste en paréo peint sa maitresse indonésienne et des modèles pâles, tentant de retrouver les poses de Tahura.  
(référence aussi à un nu de Boucher)




Pourquoi le Loup ?,  dans le scénario de Jean Claude Carrière, le titre se réfère à un texte de Gauguin sur Degas dans lequel il cite une fable de La Fontaine et se compare à un loup maigre et affamé.  
Dans une lettre à Maurice Denis de juin 1899, Gauguin s’avoue « très malade et obligé pour trouver un peu de pain de faire quelques travaux peu intellectuels, je ne peins plus, sauf les jours de fête et le dimanche… »

Un motif qui devient la base du drame de la fin des fictions d'artistes, y compris du film de Deluc.

The moon and six pence. (La lune et soixante quinze centimes), 1942.







Les cinéastes ont tous vu et étudié l’adaptation de la nouvelle de Somerset Maugham, «L’envouté », 1919,  par Albert Lewin, (connu pour Le portrait de Dorian Gray et Les affaires privées de Bel Ami).  L’acteur fétiche du réalisateur, le toujours dandy George Sanders, ne quittera pas son costume blanc.



La fiction et le mythe:
En s’inspirant de la vie de Gauguin, la vocation artistique pousse l’artiste, ici le pseudo « Charles Strickland », à partir vivre misérablement à Paris. Des petits boulots aussi improbables que les scènes d’atelier.
on peut s’amuser à pister quelques emprunts dans les films récents. 




"Un must"















Une petite sculpture (pseudo Oviri) fait le lien entre les parties du film commentées par l’ami, image propre à évoquer l’horreur et l’angoisse.






Le peintre donc part en océanie, rencontre une jeune fille, Ata,  qu’il épouse religieusement. 






La ligue de vertu qui sévit actuellement n’aurait rien à redire sur l’âge de la demoiselle.   Suit une scène de fête, de type documentaire avec une authentique «cheffe » de village d’une polynésie rêvée. Paysages et cocotiers. de studio.


  
Le lépreux à face de lion...















Non seulement malade, et pour ne pas écrire syphillis et autres maladies Maugham affecte Strickland de la lèpre (!); l’artiste meurt aveugle, et sa vahiné fidèle met le feu à la case, détruisant toute l’oeuvre peinte…



On n'a pas perdu grand chose dans l'incendie..


Comme toujours chez Lewin, la fin du film dévoile un plan couleur sur l’oeuvre peinte (désolée pour le N/B) particulièrement glauque. 


Par chance, la vraie  fait fortune des collectionneurs et des musées. 
Bienvenue au panthéon des artistes maudits,  et attendons de voir l’exposition.

Gauguin humoriste, au Musée de Pont Aven.

dimanche 28 mai 2017

Un RODIN besogneux




Annoncé comme un biopic différent, le film de Jacques Doillon en conserve tous les attendus:



Scènes de couple (et de ménage), alternant avec des séances d’atelier. Quelques noms de l’histoire, rapidement cernés par des acteurs très engoncés dans leurs costumes, mais pas de « Salons » mondains. Un film « de chambre».
Les années 1880 étaient assez austères. En témoignent les étreintes assez chastes en chemises et pantalon.  
Les charmantes créatures des dernières séquences rajeunissent un peu l’ambiance. Les dessins érotiques de cette période ont le mérite de l'authenticité, cependant une main secourable double l'acteur (un standard).

Rodin: "La pensée", montage de Camille avec la main d'un Bourgeois.

On félicitera le travail des décorateurs et costumiers; la remarquable lumière et les contre-jour dans l’atelier des marbres, sur un fond de Porte d’enfer, work in progress auquel s’occupent le maître et les assistants. 

Du point de vue technique (de la statuaire) les étapes et méthodes sont conformes, modelage, mise au point pour l’édition en marbre, 

Balzac au pilori.



à l’exception de quelques ébauches assez médiocres. Qu’il est difficile d’ajuster une tête sur un corps !, (commentaire d’une demi-pro de la question). Décapitation bienvenue…



Quelques moments « héroïques » et célèbres, les affres du Balzac et sa robe de chambre, ou nu confronté à une femme enceinte.
Vincent Lindon s’y attaque avec énergie, détermination, l’oeil mauvais, le plus souvent d’en bas, ce qui surprend. 
Rose, la femme à l'enfant.

Le problème de tout film sur l’art, c’est la vraisemblance d’une ressemblance avec le modèle, et malgré un travail remarquable, on ne voit que Lindon sous sa barbe, l’oeil un peu creux de chien battu. 

Finalement les biopics-fictions moins sérieux n’ont pas cet inconvénient, sauf a trouver de parfaits inconnus. En cela Camille, Izia Higelin, assez proche de la vraie, passe mieux, et l’on peut admirer le rôle très ingrat de Rose, Severine Caneele.

Isabelle Adjani était plus drôle en inventant « les Trois ombres » , et paradoxalement la Camille recluse dans son asile, incarnée par Juliette Binoche dans le film de Bruno Dumont, nous confondait.



D’accord, c’est Rodin le sujet, Camille disparait brutalement, les rares oeuvres qui sont montrées ne sont pas à son avantage, petites esquisses, plâtres, y compris pour «L’implorante».



Seule « La petite châtelaine" entre deux portes fait juste. Réalisée au Château de L'Illette, en 1893.


Camille Claudel: "L'âge mûr", ou "La destinée", ou "Le chemin de la vie", plâtre, 1894.

Le film m’a paru long et assez répétitif : des séquences de séances de travail entrecoupées de graphismes blancs sur noir anachroniques , des électroencéphalogrammes des états de la passion ???
Rendons hommage à la photographie de Steichen, plutôt qu’au Balzac du musée japonais.
Comme toujours, rendez vous au musée…

Steichen, 1908, "Howard the light, Midnight", 19,4x21,2cm, Musée Rodin.

lundi 20 mars 2017

PAULA, M-B, une vie, un film.

En sous-titre, "Mein leben soll ein Fest sein", (Ma vie doit être une fête), le biopic consacré à  Paula Modersohn-Becker, réalisé par l'allemand Christian Schwochow, se pare de valeurs solaires que l'actrice Carla Juri (sans doute plus belle que son modèle) incarne avec une vitalité enthousiaste. 


L’exposition du Musée d’art moderne de la Ville de Paris au printemps 2016, « Paula Modersohn-Becker,  L’intensité d’un regard », ainsi que la biographie de Marie Darrieussecq : « Etre ici est une splendeur » , nous avait familiarisés avec l’oeuvre.

La tradition toujours assez conformiste du genre, les écueils du film en costume, quelques soient les critiques sur la forme, les écarts entre réalité et construction fictionnelle, le biopic a le mérite de restituer un cadre et de donner envie d’en savoir un peu plus sur le contexte historique.
Quelques documents pour illustrer les personnages:

Une Vie.

Hans am Ende: paysage au champ de blé.


Le film élude le début de la vie de Paula, née à Brême, en 1876, qui a connu brièvement Londres, fait des études à Berlin, dans une école ouverte aux femmes avant de rejoindre la communauté d’artistes de Worpswerde, un village au nord de Brême dans les marais du diable.





La première partie du film est intéressante qui nous fait découvrir des paysages, des artistes que l’histoire de l’art, vue de France, ignore ; on connait mieux les groupes de Russie du début du siècle, puis l’Allemagne du sud après 1910.

Mackensen: Service religieux en plein air.

Le groupe des professeurs, quelquefois drôles mais assez machistes insistent sur la nécessité de figurer la réalité comme on l’observe, avec précision et rigueur.
Paysagistes comme Hans am Ende, ou Otto Modersohn.
Figures de paysans pour  Franz Mackensen, post Courbet :


Otto Modersohn.

Worpswerde deviendra une communauté « utopiste » toujours sous la direction de Mackensen jusqu’en 1932.  



Au passage, ces artistes dont Paula entreront dans « L’art dégénéré » sous Hitler, en compagnie de Kathe Kollwitz, autre peintre et sculptrice engagée dans les scènes sociales.


Clara W par Paula M-B


En 1900, Rainer Maria Rilke, de retour de Russie séjourne à Worpswerde, où il épouse Clara Westhoff, l’amie de Paula, sculptrice méconnue mais de talent:

Paula et Clara,














Paula par Clara Westhoff

Rilke par Clara W.




Paula épouse le peintre Otto Modersohn, veuf et père d’une petite fille Elsbeth, qui deviendra un modèle pour sa belle-mère. 








Paula: Otto endormi

Paula et Lisbeth














Autoportrait.





Commence le conflit entre le désir de créer selon une vision personnelle et les contraintes imposées par les maîtres. Paula fait trois courts séjours à Paris, entre 1903 et 1905, elle y retrouve son amie Clara, élève de Rodin, déjà séparée de Rilke.














Elle y découvre les post impressionnistes et Cézanne dont ses natures mortes extrêmement colorées marquent l'influence.

Paula fréquente l’Académie Colarossi (qui deviendra La Grande Chaumière) comme nombre de ses contemporaines étrangères et se perfectionne sur le dessin de nu.









Frappée par les portraits du Fayoum, qu'elle voit au Louvre, elle fonde son travail sur le regard.
Sa quête de connaissance et d'introspection l'amène à réaliser de nombreux autoportraits, toujours ornés d'une fleur ou d'un fruit, souvent nue.




1906, clin d'oeil à Gauguin et
au Bocal de Matisse.




En 1906 elle se sépare de son mari (un mariage non consommé en raison de la terreur d’Otto des risques de la maternité, il cite Rembrandt), et passe six mois  à Paris où elle continue à fréquenter son ami Rilke, découvre la peinture de Gauguin,

avant que son mari enfin convaincu de la qualité de la peinture de Paula ne la ramène à Worpswerde, où elle meurt des suites de couches en novembre 1907.
Une fin tragique qui n’a pas épargné d’autres femmes artistes dont Eva Gonzalez, quand elles n’avaient pas déjà renoncé au métier…



Version du film



Clara, Paula et Mackensen en censeur.

Pour la première partie, dans une belle lumière d’été, les jeunes femmes peignent dans la nature, quelques fêtes, assez romantiques et légères, les heures d’atelier (comme toujours vues de derrière le chevalet),



Les "Femme et enfant" se multiplient;
puis en contrepoint, les incursions de Paula dans les asiles de démunis et de vieillards, qui deviennent  des modèles  très éloignés de l’idéalisation convenue, le  qualificatif d’expressionniste lui sera attribué pour la postérité. 





Critiquée pour la facture empâtée, d’une touche épaisse, la massivité des formes, les sujets et surtout pour ne pas avoir d’enfant, elle est menacée d’enfermement psychiatrique.

Clara présente à Rilke son portrait.

Le film condense tous les séjours parisiens en un seul en 1906; 
une fuite dans les chemins en trainant ses bagages et sa croix, pour atterrir dans une ville de décors assez ratés. Un vague aperçu de l’atelier de Rodin; Dans un bar avec Clara, on voit passer Camille Claudel très imbibée, une logeuse cupide, le tout très discutable.





Dans l’académie Colarossi, elle succombe aux charmes du beau George,
une scène de photographie restitue l’autoportrait nu et l’épanouissement du corps.
Deux références, la visite au Louvre et deux Cézanne dans un sous sol étrange, rien sur Gauguin.

 Puis Paula retrouve et séduit son époux et retourne à son destin tragique. 
Le film se clôt sur une vue de la chambre/atelier où Paula se dévoile derrière la toile se figurant enceinte (par anticipation), au milieu de peintures et dessins des années précédentes.
(Comme dans Les fleurs bleues de Wajda).

Écho au générique qui la cachait derrière un châssis vierge.
Dès les premières scènes, elle proclamait qu'elle mourrait après avoir fait trois bonnes toiles et un enfant. 



Femmes artistes, encore.




Le féminisme  du réalisateur CH Schwochow, déjà sensible dans « De l’autre côté du mur », 2014 devient  assez  lourd dans l’insistance sur les contraintes et l’impossibilité pour les femmes d’être autre chose que procréatrices, depuis le père ( qui avait pourtant favorisé les études de Paula) en passant par les professeurs. 


Le symbolisme de la croix formée par le chevalet (non pliable?) que Paula promène jusque dans les rues de Paris nous rappelle que c’est un instrument de torture et d’écartèlement. Le travail, tripalium médiéval et celui de l'accouchement.



Paula Modersohn-Becker  rejoint donc la petite communauté de femmes artistes ayant bénéficié d’un biopic: tous les pré-requis et les données biographiques sont rassemblées : une oeuvre suffisamment célèbre pour illustrer le film, une actualité muséographique pour assurer un public (et obtenir des financements)

des péripéties sentimentales et sexuelles originales en leur temps, la transgression qui provoque une accusation de maladie mentale, et autant que possible une fin tragique..
On remarque que dans le genre, le prénom de l’héroïne semble suffire, -on a vu Artemisia, Frida, Séraphine, d’autres ont cependant conservé leur patronyme, Camille Claudel, ou rejeté leur prénom, Carrington (Dora). Ou encore en couple avec un artiste plus connu.
Les autres ont droit à des documentaires, souvent aussi conventionnels.

Seule Paula Modersohn-Becker bénéficie d’un musée à son nom, à Brême: courrons-y…