mardi 27 mars 2012

Dreams that money can buy. Hans RICHTER, 1944.



 Artiste berlinois et peintre expressionniste Hans Richter (1888-1976) au départ se réfugia à Zurich et participa à la mouvance dadaïste. Il se fit connaître par des films abstraits en noir et blanc, dans les années 20. On a pu voir Rythmus, 1921, à l’exposition Dada, à Paris, en 2005. Les techniques d’animation des éléments géométriques abstraits  participant d’un programme fixé par les autres artistes de l’Avant-Garde, Van Doesburg, Mondrian, Lissitsky et Eggeling visaient un projet apte à « redonner aux arts une fonction sociale ».

La suite de son oeuvre principalement cinématographique l’amène à collaborer au mouvement surréaliste. Son  Filmstudie, 1926 est sous-titré « avec le rêve ». Vormittagspuk (Fantômes avant déjeuner), 1927, était interprété entre autres par D Milhaud, Paul Hindemith, autant de créations contemporaines des recherches de Man Ray ou de René Clair/Picabia. (Entracte)**
Plusieurs expositions surréalistes, à New York, à commencer par la Galerie de Peggy Guggenheim, Art of the Century, en 1942 ont regroupé les artistes en exil. En 1944 l’exposition : Abstract and Surrealist Art in the United States regroupa de nombreux artistes, ce qui justifie l’intégration de Fernand Léger, dans le groupe de Man Ray, Duchamp, Ernst et Calder qui participent au film de Richter. 

Dreams that money can buy, Rêves à vendre, réalisé en 44, mais sorti en 47 se présente comme un montage de séquences assez disparates, commentées en voix off, à la première personne. Jean Cocteau aurait participé au texte (?) L’auteur se figure en « privé » (un clone de Dana Andrews, Jack Bittner l’incarne) qui, comme dans tout film noir, boit dans son officine avant de se découvrir une vocation : 
faire apparaître les rêves à la clientèle qu’il reçoit, façon psychanalyste sous l’oeil noir de Man Ray, un plâtre grec (Socrate ?) et une toile de Fernand Léger. 











Se succèdent alors les séquences de styles fort différents, toutes accompagnées d’une musique spécifique.

Séquence Max Ernst


Max Ernst (et son double) illustre le fantasme d'après ses gravures et les rêves érotiques  du gratte-papier ; le travail de la couleur, les décors penchent vers le cinéma fantastique ou d’horreur.

le double de Max














La séquence Fernand Léger, (qui réalisa en 1924 Le Ballet mécanique) reprend la fille à la bicyclette, animation du tableau puis d’un mannequin : « The girl with the prefabricated heart ».

Séquence F Léger.














Rotorelief, Duchamp.


Pseudo Marcel




Suit (logiquement) l’apparition de la femme, citation de Duchamp travesti, 











qui engendre un montage des Rotoreliefs et d’un Nu descendant l’escalier ; des œuvres anciennes recyclées, mais accompagnées d’une musique de John Cage.











Man Ray, le film muet dans un cinéma avec participation du public,
 « Ruth, Roses and Revolvers »  enchaîne sur une superposition d’images de la guerre d’Espagne, sur son portrait (musique de Darius Milhaud), ce qui fait échapper l’ensemble au formalisme. HR cite l’invasion de la Hollande en 40. Le propos politique reste mince.





Calder
Calder : une gamine provoque une animation des mobiles, puis des extraits du Cirque (1927) manipulé par un grand-père aveugle.

Le cirque











La très (très) longue séquence finale de Richter parodie les polars - le héros tenté de tuer la blonde fatale-  non sans glisser quelques plans qui renvoient au constructivisme.



Les formes abstraites à l’origine se métamorphosent en sujets figuratifs, ainsi les jetons, et finalement la méthode onirique de l’enchaînement des idées peut expliquer la mutation des oeuvres de Richter entre 1920 et 44.  Au-delà du cours d’histoire de l’art, un certain charme de la narration et les procédés d’animation compensent l’aspect artificiel du système.



Et la parodie d’un film noir en couleur participe du jeu de pistes.  À voir...



Générique de fin

** Films regroupés dans un DVD, Dada Cinéma, Centre Pompidou, 2005


    


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire